|
|
|
.O.
11/02/2022
Le réalisateur d'un des films qui m'a le plus marqué dans les années 2000-2010 ("Entre les murs" en 2008, rare Palme d'or m'ayant convaincue) s'empare d'un sujet d'actualité : la trace qu'on laisse sur les réseaux sociaux. Le fameux droit à l'oubli doit-il s'appliquer ? C'est le moment pour moi de se pencher sur la définition de ce dernier : Le droit à l’oubli est le droit, pour toute personne physique ou morale, de demander la suppression de l’hébergement de données la concernant sur le web. Ou distingue alors le dé-référencement (suppression des recherches) et l’effacement (suppression directe des pages web).
Inspiré d'une histoire vraie (celle de Mehdi Meklat), le film s'intéresse aux 48h qui ont suivi l'exhumation d'un ancien compte twiter sur lequel un romancier en pleine ascension écrivait des messages haineux. Dans quel but ? Laurent Cantet et ses scénaristes n'ont pas creusé la question, préférant nous montrer comment la notoriété grandissante, les relations professionnelles et amicales d'une personne peuvent être anéhantie en quelques heures.
Média, ton monde impitoyable ? Coté enfonçage de portes ouvertes, on a rarement fait aussi fort ! Et sinon, a part quelques situations dans lesquelles on apprend que "lorsqu'il écrivait ces twitts, les copains qui jouent aujourd'hui les vierges effaroucées étaient hilare et ne disait rien", le film ne s'intéresse quasiment jamais au "pourquoi" de ce compte. La haine écrite de l'époque réflète quoi ? Une interview permettra quelques secondes d'introspections qui sauveront le film du 0 mais pour le reste on préfère nous montrer les stratégies de communication pour éviter le désastre et les repercussions sur les différentes facettes de la vie de cet homme.
Tant de vide... mais pourquoi ? De peur de passer pour un donneur de leçon en évoquant le cas de menel, cette chanteuse evincée de the Voice pour des tweet publié dde nombreuses années avant... montrant la puissance des moteurs de recherche et l'indélibilité de l'écrit dormant sur un serveur et pouvant être ressorties dans le contexte ou hors contexte des dizaines d'années plus tard. Le pendant "démoniaque" de l'ADN qui permet aujourd'hui de confondre des meurtriers tranquilles depuis 20 ans ? J'ai lu il cet article il y a quelques jours et je trouve cela fantastique : une affaire de viol datant de 1998 vient d'être élucidée dans la Vienne grâce à un emballage de bonbons ! Vingt et ans après les faits, un homme de 67 ans a été arrêté. Il a été confondu par son ADN retrouvé sur l'emballage d'un bonbon. Le papier de bonbon a été retrouvé dans une menuiserie cambriolée l'été dernier. L'ADN relevé sur l'emballage avait une correspondance avec celui relevé après le viol. Le mangeur de bonbons était donc le violeur de 1998 ! Les enquêteurs ont découvert que le père du menuisier était le voisin de la jeune femme violée. À l'époque, il avait été interrogé sans être ensuite inquiété. Face aux analyses, l'homme de 67 ans a dû reconnaître les faits en garde à vue. Il a depuis été mis en examen pour viol crapuleux et encourt une peine maximale de 15 ans de réclusion.
Revenons à nos moutons : le film est-il une reflexion sur l'écrit, sur le fait de réfléchir avant de parler et sur la caisse de raisonnance que l'on donne à des discussion de comptoir qui aujourd'hui sont gravées (bien volontairement !) dans le marbre d'Internet, sur l'évolution que l'on a et la façon de juger le jeune que l'on a été (toutes les personnes qui ont fait mai 68 et lancé des pavés et qui 30 ans plus tard votent à droite ou à l'extreme droite, que ressentent-elles quand elles regardebt dans le retroviseur ?).
Les pistes étaient multiples et le film n'en suit quasiment aucune. Pourquoi ? La reponse se trouve surement dans le générique final dans lequel les producteurs se sont sentis obligés de préciser que tous les tweet apparaissant à l'écran ont "été inventés et ne reflètent en rien la pensée des producteurs". Sérieusement ? Le film est donc prisonnier de ce qu'il dénonce et c'est peut-être le moment qui m'a le plus amusé dans ce long métrage qui est un énorme hors sujet de 87 minutes. Grumpf !
P.S. il est finalement plus intéressant de regarder ce qui s'est passé dans la raie ve et de lire la fiche wiki de la personne qui a inspiré ce film : https://fr.wikipedia.org/wiki/Mehdi_Meklat
.O. |